Accouchements,évaluation, repos.....

Publié le par sagesabah

Nanga Def, salam

s--n--gal-059.jpg
Slm, me voilà en tenue de combat, j'ai du adapté mon voile, car j'avais des problèmes pour suivre mes patientes, en effet il n'y a pas de monitoring et je dois mettre un sthétoscope de Pinard, pour écouter les bruits du coeur, donc les oreilles sont de sortie( lol), les bras aussi, au niveau hygiène et aseptie c'es vraiment pas possible.
le brancardier, il me dit au fait toi t'es "chariatique", Flora lui dit tu veux dire charismatique, non "chariatique" , elle est voilée.
Ici , ils ont de drôle d'expressions, ils peuvent dire d'une patiente qu'elle est "toxique" pour dire qu'elle est difficile.
Pour dire qu'ils ont fini leur gardes;ils disent:"je descend" pour dire j'ai fini ma garde et je rentre chez moi.

Les évaluations se sont bien passées pour Flora et moi, mais il y a toujours à améliorer.

Je me suis fait rappeler à l'ordre par ma prof, car pendant que j'étais occupée à faire  la suture d'une épisiotomie, je me suis mélée de la patiente d'à coté, qui devait  peut être avoir une césarienne, car son  bébé n'allait pas bien.
Mais voilà, elle n'avait pas l'argent  pour acheter le kit nécessaire  pour la préparer pour le bloc op, sa famille n'était pas là, et donc on attendait. Je me suis permise de dire que je pouvais payer( avec l'argent des dons), cela revenait à 25000 CFA soit moins de 40 euros.Mais voilà, elle m'a dit de me meler de ce qui me regarde, et que souvent les gens font cela, la famille disparait pour ne pas à avoir payer les frais.
Résultat, par une prise en charge inadéquate et un souci financier, la césarienne a été faite 1 heure après,le bébé : un magnifique garçon  est décédé.
Ce jour les femmes affluent comme d'habitude, en masse, les femmes se suivent, les accouchements aussi.
Je fais 4 accouchements, et des sutures, je commence à avoir la main.
les mamans sont toujours aussi magnifiques de courage et les bébés des amours.
J'ai du faire une réanimation seule, car Flora et la prof étaient absentes, en évaluation, et qu'une étudiante médecin de 5ième année était là à faire l'accouchement, quand soudain je l'entend dire j'ai une "urgence alimentaire": comprendre je vais manger.
Là , je regarde Mme Sambe, je lui dis, elle rigole, elle part manger mais le bébé est là.
Aussitôt je prends mes gants, je me mets au périné, c'est une maman qui vient accoucher de son 8 ième enfant, elle n'arrive pas à pousser, elle est très fatiguée.
Donc on fait un kristeller( on pousse sur le ventre de la maman pour l'aider à pousser et a faire avancer le bébé), le bébé ne réagis pas de suite.
Comme d'habitude l'équipe reste zen et ne bouge pas, je dois alors, clamper seule le cordon , prendre le bébé et l'amener pour l'aspirer le secher et le ventiler.

Il va bien. Je leur dis alors , je peux pas à la fois m'occuper et de la maman et du bébé.Elles rigolent. moi aussi.
Que voulez  vous on ne voit pas les choses de la même façon.

Voilà les gardes de jour se terminent, de beaux accouchements, des décès de bébés, mais cela fait maintenant parti malheureusement de la vie classique de Nabil Choucair.

Mme Sambe me dit qu'elle ne comprend pas pourquoi on est ainsi avec la mort des enfants, c'est la volonté de Dieu.
il y a un fatalisme ici, qui se cautionne trop facilement par la religion.
je lui rétorque Qu'Allah détient effectivement les cles de tout,mais qu'il nous a aussi donné les moyens d'agir: notre libre pensée, notre jugement notre libre arbitre.
et que l'on doit attacher sa chamelle: alors que l'on doit tout faire pour sauver ses bébés, et si malgrè nos efforts, ils s'en vont alors là c'est que c'était écrit.
mais ne rien faire, des gestes simples: secher, frictionner, stimuler et aspirer un bébé, qui lui permettent souvent de démarrer sa vie, là c'est de l'irresponsabilité et de cela nous devrons rendre compte.

A demain, je vous raconterai mes jours de repos, l'île de Ngor et l'île de Gorée.
un avant gout: le coucher du soleil depuis l'île de Ngor.s--n--gal-065.jpg

Publié dans Journal de bords

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article